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2 juillet 2016 6 02 /07 /juillet /2016 09:28

Un maure dans la Sierra

par Belkacem Ahcene-Djaballah

Livres

Un maure dans la Sierra. Roman de Rénia Aouadène. El Kalima Editions, Alger 2016 (www.elkalima-editions.com), 165 pages, 500 dinars

Les années 20 en Algérie. Précisement en Kabylie. L'occupation coloniale (par Madame la France) et son poids de misères. Au village de Darna, petit village perché à 1000m d'altitude, le petit Rabah a pris, petit à petit, conscience de la misère qui oblige son père, Brahim, à partir bien souvent loin de la maison pour ramener quelques sous pour (sur-) vivre. Il est allé à l'école. Il a appris et compris. Il va se former aux armes et à la lutte (en s'engageant dans l'armée, taisant toutes ses colères)...

Les années 20 en Espagne, années de misère, de disette. Un pays divisé, car c'est aussi la lutte pour le pouvoir. L'Eglise catholique est là, toujours debout, avec ses alliés les conservateurs rétrogrades face aux paysans et aux ouvriers qui (sur-) vivent. La petite Dolorès a vécu dans un petit village. Le père, ayant perdu ses terres, part souvent loin de la maison familaile pour louer ses bras. Elle a été «élevée» et éduquée par une femme, amante «libre» d'un descendant «moro», Amalia, qui lui a appris la fierté et la lutte pour aider les autres.

Le début des années 30. Inscrit au Parti communiste, Rabah va partir en Espagne pour lutter aux côtés des révolutionnaires contre le fascisme franquiste. Il sera à la tête d'une brigade où l'on retrouve d'autres Algériens, des Palestiniens, des Libanais... beaucoup d' «Arabes». Amalia va s'engager, aux côtés des Républicains, en tant qu'infirmière. Le camp de la révolte, de la justice.

Ils lutteront ensemble contre les troupes fascistes de Franco, ils s'aimeront... et la guerre les séparera. Rabah mourra en combattant le 25 mars 1938 sur le plateau de Miraflorès...en pensant à Yamina, sa douce maman, à Amalia l'indomptable, à la Kabylie... et aux luttes futures de ses frères en Algérie contre l'occupation coloniale. Aujourd'hui, une rue de Barcelone porte le nom de Oussidhoum.

L'Auteure : Poétesse, nouvelliste et dramaturge algérienne. Est née et vit à Marseille où elle enseigne .

Extraits : «Anerez wala neknu», «Plutôt rompre que se plier !», telle est la devise de Brahim et des siens, de tous ceux qui n'ont cessé de lutter contre les milliers d'envahisseurs, ne laissant à cette terre aucun répit au cours des siècles» (p 11), «Il (Rabah) avait saisi la politique coloniale qui consistait à diviser les différentes ethnies, et ce qui le gênait, c'était ce mépris envers les arabophones. Les réflexions méprisantes fusaient et les colons avaient tendance à différencier les Kabyles des Arabes comme s'il ne s'agissait pas d'un même peuple» (p 71) «Les politiciens qui gouvernent ne sauront jamais que des afro-arabo-musulmans ou chrétiens se sont battus et qu'ils deviendront des soldats de l'ombre car l'histoire ne retiendra que ce qui l'arrangera» (p 164)

Avis: Roman réaliste, simple dans sa construction, et «naïf» (au sens noble et littéraire du terme) dans son articulation. Excellent sujet de film !

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